Serge Rachmaninoff & Alexandre Scriabine
La musique d'Alexandre Scriabine et de Serge Rachmaninoff a produit sur moi un effet immédiat et puissant. Leur art qui a des visées esthétiques et expressives peu comparables se rejoint néanmoins par l’intemporalité du sentiment humain, celui de l’amour éperdu pour leur terre, celle de leurs ancêtres.
Le ton souvent élégiaque de leurs oeuvres, tel un paradis perdu, traduit avec une force grandissante la quintessence et la complexité de l’âme russe, qui ne cesse d’exhaler ses peines et ses joies à l’unisson du temps et de l’histoire. Passé un certain point, les mots manquent pour décrire ce sentiment.
Le grand art fait souvent l’effet d’un choc originel. Et quand il nous coupe le souffle, quelque chose d’immense se produit : nous commençons à ressentir notre propre mort, ce qui paradoxalement rend la vie encore plus précieuse et intense à vivre. Si je devais résumer de manière incomplète, et avec toute la fragilité du langage, ce que Alexandre Scriabine et Serge Rachmaninoff m’ont offert, ce serait cela.
Promise Prelude composé et interprété par Kirill Zaborov. Aquarelles de Yakov Bassov, son grand-père.